Retour en Amexique #40 : le monde entier est un cactus

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

Vous pouvez acheter notre livre ici : L’Amexique au pied du mur 

Hola fidèles lecteurs !

Ce samedi, c’était journée off pour nous. on a fait une escapade à Organ Pipe, un parc situé à deux heures à l’est de Tucson. Vous savez ce qu’on a vu ? Des cactus, des gros cailloux et des bouts de murs. On vous raconte ça en photos.
Les photos
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Des cactus et des cailloux : vous avez rien raté 😉

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Construire le mur ici, c’est défier là géographie elle-même

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D’ailleurs, c’est pour ça qu’ils ont préféré une simple clôture pas vraiment impénétrable. J’allais d’ailleurs me risquer au Mexique quand le brouhaha d’une patrouille de la Border Patrol m’a stoppé net. R.

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Toujours des cactus et des rochers. Vous pouvez aussi distinguer la route que l’on a emprunté.

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Le thème de la frontière n’est jamais très loin. En 2002, il a été tué dans le parc par deux membres du cartel qu’il poursuivait alors qu’ils tentaient de faire passer de la drogue. Le parc lui rend hommage au Visitor Center.

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Les lumières de l’Arizona.

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Le son
 
Parce que mon père sera heureux de voir qu’on pense à Ennio Morricone au vue du décor.

https://www.youtube.com/watch?v=-nF_TNklTGI&feature=share&fbclid=IwAR3hmxFjpSmjXFMzqY0KJpvjE58_xsPOHc-Mwrfbvdwzm4365M_4ZKLCsaI

Le programme
Demain, on va forcément continuer à croiser la route des cactus. Nous penser retourner dans un petit parc, à l’ouest de Tucson pour nous y balader. Mais le travail nous attend et nous avons rendez-vous, le soir, à 6 p.m. avec Francisco Cantu, écrivain et ancien membre de la Border Patrol que je nous vous présentions dans la news précédente.

Caillou Clément et Cactus Romain

Retour en Amexique #40 : « un pays aux tombes ouvertes »

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

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Bonjour à tous !

Aujourd’hui pour le numéro #40, édition spéciale ! Vous avez le droit à un avant goût du reportage n°4 pour la série que nous écrivons pour France 24. En effet, l’épisode arizonien de celle-ci parlera des associations se dédiant à l’aide des migrants dans le désert avec en fil conducteur notre immersion au sein d’Humane Borders.

Enjoy !

(Comment ça un hasard ? Bien sûr qu’on a fait exprès que ça tombe sur le numéro 4.0)

Le récit

Stephen Staltonstall nous avait donné rendez-vous aux aurores. Les volontaires de Humane Borders (voir newsletter #38) se lèvent tôt lorsqu’ils partent vérifier leurs points d’eau laissés à disposition des migrants qui s’aventurent dans le meurtrier désert de Sonora. L’association nous a offert l’opportunité de suivre un de ces tours de ravitaillements.

Ce matin, outre vos deux journalistes français préférés, le groupe se compose de quatre personnes : les vétérans Stephen (que nous avons pas tardé à appeler Steve comme tout le monde) et Phil, déjà croisé à la réunion de mercredi, ainsi que deux nouvelles volontaires, Shay et Cindy.

Après un petit café dans la dernière station-service avant la frontière, l’imposant camion de Steve et le pick-up de Phil se mettent en branle en suivant la 286, Sasabe road. Le soleil commence à lever quand nous atteignons la première étape de notre “run” situé au beau milieu d’un panorama époustouflant.

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Les points de ravitaillements sont signalés par des drapeaux bleus

Steve nous explique avec minutie la routine des Humane Borders. On commence par ôter le cadenas à code placé sur le container pour éviter toutes malveillances. On dévisse ensuite le bouchon à l’aide d’une clé spécifique. Ensuite, on prend deux informations en regardant à l’intérieur : le niveau de l’eau et l’éventuel formation d’un dépôt d’algues. Enfin, il sort invariablement son mug Humane Borders pour se faire couler une tasse, mesure la qualité de l’eau et la goûte lui même pour en vérifier le goût : “On ne veut pas donner aux migrants ce qu’on ne boirait pas nous-même”, explique-t-il.

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Si tout est en ordre et que le niveau n’a pas trop baissé comme c’était le cas au point n1 alors on remballe tout et on passe à la suite. Une série de sept points d’eaux était au programme ce matin. Certains se situent dans des zones assez difficiles d’accès. Il ne vaut mieux pas s’y risquer sans pick-up ! Et même là, il arrive aux volontaires de devoir renoncer : c’était notamment le cas pour le point numéro 6, situé près d’anciennes mines de cuivre, et dont le chemin d’accès était partiellement inondé.

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Humane Border place un sticker de la Vierge de Guadalupe sur les barils pour indiquer aux migrants qu’ils peuvent boire cette eau. La religion n’a pas de frontières.

Steve est du genre affable. Il multiplie les anecdotes sur le désert qu’il arpente invariablement depuis trois ans maintenant, tous les vendredis. Des histoires, il en a des tonnes à raconter comme la fois où il est tombé sur un véritable camp de migrants en remplissant les bonbonnes d’eau. D’autres sont plus macabres : il lui est arrivé de trouver des ossements…

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« Toujours goûter l’eau »

 

Phil est plus taiseux. Pourtant, il pourrait en raconter beaucoup aussi. Depuis qu’il est à la retraite, il multiplie les activités : cours de géologie, tutorat dans les écoles, aide aux sans-abris (dire qu’en France certains veulent opposer aide aux migrants et aux sans-domiciles bien de chez nous…). Son volontariat chez Humane Borders, il le résume ainsi “J’aide à sauver des vies et en même temps je peux randonner et me balader dans le désert ! Ce n’est pas contraignant du tout”, assure-t-il.

Distribuer de l’eau pour sauver de vies. Ce sont ces objectifs simples que se donnent les deux hommes. Mais des fois, l’activité d’Humane Borders ne suffit pas. Pour nous le faire comprendre, Steve arrête son camion pour un moment de recueillement devant une croix. Celle-ci a été érigée à l’endroit où a été retrouvé le corps d’un migrant : “Dire qu’il est décédé à seulement quelques mètres de la route et personne ne l’a aidé, c’est tragique”, souffle le retraité de 74 ans.

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Le tour de ravitaillement se termine de l’autre côté de la frontière, au pied du mur frontalier. Là, les volontaires d’Humane Borders ont pour coutume de remettre le reste de leur eau au groupe Beta, un service mis en place par le gouvernement mexicain pour apporter une aide humanitaire aux migrants et tenter de les décourager. Aujourd’hui, c’est la totalité du réservoir que Steve remets aux hommes en orange : aucun des bidons inspectés n’avait besoin d’être remplacé. “La chose malheureuse pour vous, c’est que vous n’aurez pas de photo de moi en train de remplir les barils. Mais la chose heureuse c’est que personne ne mourra aujourd’hui dans le désert”, dit Steve. “Peut-être…”, finit-il par ajouter.

L’anecdote

À une minuscule poignée de miles à peine de la frontière entre USA et Mexique, juste avant le village de Sasabe, un panneau indique qu’il faut tourner à droite pour rejoindre le Ranch de la Osa. Le panneau n’a rien de différent de ceux qui indiquent la demi-douzaine de ranchs, plus au nord. Comme pour ceux-là, on se demande bien quel peut être l’intérêt d’acheter un terrain ici, au milieu des cactus, des Mesquites et du rien. Sinon l’isolement et la tranquillité, ce qui n’est pas rien, en fait.

Lorsqu’il a été fondé, au XVIIe siècle, le ranch était encore plus isolé du reste du monde, si l’on prend en compte les trajets à cheval ou en carriole sur un terrain peu favorable. Mais ce bout de terrain perdu est rapidement devenu un point sur la carte, un lieu qui deviendra important dans l’histoire des Etats-Unis, et du monde.

Rattaché au Mexique après que le pays a gagné son indépendance de l’Espagne, le lieu est rapidement devenu un point stratégique dans la guerre qui opposa le Mexique aux Etats-Unis. Le général Pancho Villa lui-même, tenta de reprendre le lieu. Un obus de canon est d’ailleurs toujours conservé sur le ranch, en souvenir de la guerre.

Rattaché aux USA à partir des années 1850, le lieu est, petit à petit devenu une destination privilégiée pour ceux qui étaient en quête de repos et d’isolement. De nombreux politiques venus de Washington et New-York y résidèrent, comme le Président Lyndon Johnson. Mais, plus étonnant : c’est là, à quelques kilomètres à peine du Mexique que le Plan Marshall, destiné à reconstruire l’Europe post-Seconde Guerre Mondiale a été conçu. On se demande bien comment et pourquoi un tel plan a été écrit si loin de son sujet, voire même de Washington, par son auteur William Clayton. Le fait est que c’est, là, au milieu des cactus, des rattle-snakes, des coyotes et des sauterelles que le grand plan de financement de l’Europe après les horreurs de la guerre a été conçu. Dans un lieu qui ne pourrait pas moins ressembler à l’Europe du Nord et à la France en particulier.

Côté people, John Wayne y est régulièrement venu faire du cheval. Sans aucun doute pour s’exercer à devenir l’acteur mythique que l’on connaît, loin des premiers paparazzis. Margaret Mitchell, auteure – auteur – autrice – écrivaine d’Autant en emporte le Vent y est aussi venue chercher l’inspiration. Là où le vent n’existe pas. Leurs chambres favorites sont désormais louables par tout un chacun.

Le son

America – A Horse with no name

On the first part of the journey,
I was looking at all the life.
There were plants and birds. and rocks and things,
There was sand and hills and rings.
The first thing I met, was a fly with a buzz,
And the sky, with no clouds.
The heat was hot, and the ground was dry,
But the air was full of sound.

I’ve been through the desert on a horse with no name,
It felt good to be out of the rain.
In the desert you can remember your name,
‘Cause there ain’t no one for to give you no pain.
La, la, la la la la, la la la, la, la
La, la, la la la la, la la la, la, la

https://www.youtube.com/watch?v=zSAJ0l4OBHM

Le programme de demain

À l’heure où nous écrivons, nous ne sommes pas encore sûrs du planning de demain. Soit nous rencontrons – enfin – Francisco Cantu, ancien membre de la Border Patrol et auteur du livre The Line becomes a river, dans lequel il raconte les raisons de sa démission. Il dénonce les conditions des migrants, traités de façon inhumaine par la garde frontalière. Il relate, par le menu, son quotidien d’agent dans le secteur de Tucson. Comment il a rencontré un immigré illégal, pris dans les mailles du filet de l’administration et comment il a cherché à l’aider malgré son ancien travail, qui était exactement l’inverse. Si Francisco Cantu préfére que nous le rencontrions plutôt dimanche, nous allons probablement mettre en forme nos notes de ces derniers jours et randonner dans l’Organ Pipe Cactus National Monument ou le Saguaro National Park.

Saguaro Cactus & Mesquite Tree

Retour en Amexique #39 : « every arrest is a rescue »

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

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LECTEURS DE CETTE NEWSLETTER, AU RAPPORT !

Aujourd’hui, on a fait l’envers et le revers d’une même pièce, comme dirait un philosophe que je ne veux pas citer. D’un côté la Border Patrol, le matin, chargée d’arrêter les migrants illégaux. De l’autre, une ONG, No More Deaths, qui, comme son nom l’indique, vient en aide à ceux qui tentent la terrible traversée du désert du Sonora.

Les photos

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Dans les locaux de N More deaths, on est visiblement pas très fan de la Border Patrol

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Cactus au soleil couchant 

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Jeu d’ombres chinoises au coucher du soleil

Le récit

C’était la deuxième fois que l’on se rendait dans un “headquarter” de la Border Patrol. Mais contrairement à la première, nous avons cette fois eu le droit d’entrer (un peu) dans leurs locaux. Si l’on peut parler ainsi, car la petite salle de conférence exiguë où nous avons interrogé Jacob Stukenberg et son collègue ne nous a pas donné un aperçu de ce à quoi ressemblent les locaux de la BP. Peu importe, on prend ça comme un progrès.

Et le bon Jacob a gravi l’échelle (il y a une référence pas vraiment cachée, ici) des forces de l’ordre avec beaucoup de persévérance. Diplômé de criminologie, à la fac, il est devenu Sheriff avant d’entrer dans la BP il y a huit ans de cela. S’il maîtrise donc tous les rouages de la police frontalière, il est aussi un excellent communicant. Ou y aurait-il un être humain, derrière l’uniforme kaki ?

“Pour ma part je suis entré dans les forces de l’ordre pour aider les gens. Même si les migrants parviennent à franchir la frontière, ils ne savent pas ce qui arrive ensuite. Le désert est très chaud et beaucoup y trouvent la mort. Notre rôle c’est d’empêcher ça. Il est difficile de partager nos histoires personnelles, nos émotions. Mais je peux vous dire que j’ai vu des agents donner leur repas à des migrants, leur eau, en plein milieu du désert. Dire que nous sommes inhumains et sans coeur, c’est totalement faux”, explique-t-il.

“Every arrest is a rescue. Chaque arrestation est un sauvetage”, renchérit Jacob. “ La plupart du temps, ce que nous faisons ici à Tucson, c’est secourir les gens, car ils ne savent pas dans quoi ils s’aventurent. Les passeurs leur mentent. Une fois, j’ai arrêté trois femmes qui croyaient pouvoir atteindre Chicago en deux jours de marche … Elles n’avaient aucune idée de la géographie et de la grandeur du désert, ici”. Voilà qui fait sens.

Lorsque j’ai soumis cette affirmation à Justine Schnitzler, la porte parole de l’ONG No More deaths, qui s’occupe de donner de l’eau aux migrants qui s’aventurent de le désert, elle a souri. “Forcément, ils disent ça à tous les journalistes. Ce sont leurs éléments de langage. Au moins, ils ont le mérite de la cohérence. Mais je ne crois pas que sortir quelqu’un du désert – même assoifé – et le conduire dans une prison ou un centre de détention soit vraiment porter secours”. Voilà qui fait sens. L’avantage, c’est qu’on a les deux sons de cloche. Le grave et l’aigu. L’envers et le revers, que je vous disais.

C.

L’anecdote
 
On a reçu une excellente nouvelle aujourd’hui : Michael n’est pas (plus??) mort

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Le son

The Beatles, Get Back

Jojo was a man who thought he was a loner
But he knew it wouldn’t last
Jojo left his home in Tucson, Arizona
For some California grass

Get back, get back
Get back to where you once belonged
Get back, get back
Get back to where you once belonged
Get back Jojo, go home

https://www.youtube.com/watch?v=p6gKe9Fr2ok

Le programme de demain

Demain, nous nous levons aux aurores (voir même avant ça). On a rendez-vous à 6 heures du matin avec Stephen Saltonstall, volontaire pour Humane Borders. Nous allons passer une bonne partie de la journée “embedded” dans le camion pour assister à la tournée de ravitaillement des points d’eaux laissés dans le désert pour les migrants. Un gallon d’eau chacun, un pique-nique pour le midi, des barres céréales pour le petit dej et surtout casquette et crème solaire, nous sommes parés pour affronter le désert.

Mainmain et Mentment

Retour en Amexique #38 : de l’humanité dans le désert

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

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Good morning France !

Après deux semaines vécues en sédentaires à El Paso et Juarez, on a retrouvé les joies de la première journée passée dans une ville inconnue. Cette saveur si particulière de découverte à chaque coin de rue est de retour. A chaque nouveau pas, c’est un nouveau street-art, une nouvelle boutique, un nouveau détail qui s’offrent à nos yeux avides d’exploration.

On n’oublie pas pour autant que nous sommes là pour écrire des articles et un livre. On a ainsi pris un premier contact avec l’ONG Humane Borders qui ravitaille des points d’eau dans le désert pour éviter aux migrants de mourir de soif. Vendredi, on les suivra d’ailleurs durant un de ces voyages au milieu du désert.

Les photos

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Downtown Tucson, Arizona

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« Au lieu de dépenser des millions de dollars dans un mur qui va tuer tuer notre écosystème, pourquoi ne pas les dépenser de manière à le sauver ? »

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Les lumières de l’Arizona au coucher de soleil…

Le récit 

Joel Smith a une bonne partie de la dentition qui manque. Un petit bégaiement se fait entendre. Il a un accent arizonien très prononcé. Pourtant, ce qu’il dit est clair comme de l’eau de roche : “Les migrants sont des humains”. Partant de ce principe simple mais pas évident pour tout le monde, il a rejoint l’association Humane Border il y a une dizaine d’années. En Arizona, c’est le désert du Sonora qui tient lieu de frontière avec le Mexique. Pouvant atteindre des températures extrêmes et étant particulièrement étendu, le désert est un lieu de passage des migrants. Il est certainement plus facile d’échapper à la vigilance des Border Patrol, sur les 320 000 km² qu’il mesure. Ce qui équivaut à la superficie de la Côte-D’Ivoire, par exemple. Rien que ça.

Mais, étant donné les conditions terribles, c’est aussi un cimetière. Si l’eau vient à manquer, si l’on perd son chemin, alors la plus terrible des extrémités est inévitable. Pour tenter d’alerter sur cette situation dramatique, Humane Borders réalise une carte des lieux où des corps ont été retrouvés. Des milliers de points rouges apparaissent, dans le désert du Sonora. “Mais derrière les points rouges, il y a une vie, une histoire”, déplore Jo’ Smith. C’est pour cela qu’avec son équipe de bénévoles, il se rend dans le désert pour y déposer des centaines de barils d’eau, à l’usage des migrants, sur les principales routes qu’ils empruntent. Ils n’ont pas le droit de leur donner de vêtements, de les faire monter dans leurs pick-ups. “C’est la loi. Je ne veux pas de problèmes. Humane Border doit rester dans les clous de la loi. C’est pour cela que l’on a de bons rapports avec le comté de Pima, qui nous aide financièrement, raconte-t-il.

Car une telle mission demande du temps, de l’investissement personnel, une bonne dose d’expérience et de l’argent. Hier soir, nous avons assisté à une réunion hebdomadaire des membres de l’association. Le rituel, car c’en est un, est simple : la réunion débute par la formulation d’un bénédicité, dévolu au sort de ceux qui tentent la terrible traversée. Ensuite, les membres se saisissent du calendrier et s’inscrivent pour aller emmener de l’eau dans les zones qui en ont besoin, aux dates qui leur conviennent. Ils passent en revue les difficultés et les nouvelles de la semaines. Puis il se séparent après s’être levés pendant quelques secondes pour respecter un moment de silence, en hommage aux morts dans le désert.

Dans la petite salle de réunion, la Vierge Marie, en poster ou en statuette, garde l’entrée. C’est, de nouveau, et comme nous vous le racontions précédemment, les valeurs religieuses qui président ici, contre l’indifférence des pouvoirs politiques. Peut-être les bénévoles ne sont-ils pas tous croyants, mais le fait est que tous veulent rendre aux migrants leur humanité.

Alors, bien sûr, écouter leur histoire, la manière dont ils fonctionnent est particulièrement intéressante. Mais rien ne remplace l’empirisme. C’est pour cette raison que, vendredi, dès 6h du matin, nous serons dans le ‘pick-up-truck’, comme l’on dit, de l’un des membres d’Humane Borders pour l’accompagner dans le désert. Nous déposerons, avec lui, des centaines de litre d’eaux sur les routes que les migrants empruntent. Peut-être que l’on devra, d’ailleurs, lâcher le dictaphone, le carnet et le stylo, pour mettre la main à la patte.

Et ça nous va très bien ainsi. Car même si l’objectivité journalistique (existe-t-elle vraiment ?) nous paraît importante, pour ne pas dire cruciale, nous faisons aussi partie de ceux qui pensent que derrière les points rouges sur une carte, les statistiques, il y a des hommes, des femmes, des enfants.

C.

L’anecdote

Changement de ville, changement de décor, changement d’Etat mais aussi changement de couleur ! En effet, si sur les bords du Rio Grande, plus de 95% des personnes que nous croisions étaient hispaniques, ici à Tucson, Arizona, c’est loin d’être le cas. A 1H30 de la frontière, les “Anglos” reprennent leurs droit.

Le son

Quand t’es dans le désert – Jean Patrick Capdevielle

Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps
Tu t’demandes à qui ça sert toutes les règles un peu truquées
Du jeu qu’on veut te faire jouer
Les yeux bandés.

https://www.youtube.com/watch?v=C_mRN_iq1-k

Le programme de demain

Demain va être une journée chargée (une de plus). On va aller voir des deux côtés de la barrière. Le matin, on a d’abord rendez-vous avec les hommes en vert, la Border Patrol. L’occasion de discuter avec eux des conditions d’exercice de leur métier dans un environnement aussi hostile que le désert, sur la manière dont il voient les ONG comme celle de Joel Smith qui aident les migrants ou encore de voir s’ils se préparent à l’arrivée éventuelle de la caravane de 7000 Honduriens actuellement au Mexique.

L’après-midi, on sera avec No More Deaths, une association similaire à Humane Borders. A l’heure où on écrit ses lignes, on ne sait pas encore où aura lieu le rendez-vous, ils ne nous le diront que par la messagerie cryptée Signal, sécurité oblige. On comprend leur méfiance, ils ont eu souvent maille à partir avec la Border Patrol. D’ailleurs, le procès d’un de leurs volontaires doit se tenir le mois prochain, Scott Warren.

Sergent Brault and officer Houeix au rapport

Retour en Amexique #37 : le Magicobus

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

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Hey folks !

Les amateurs du Tour de France qualifieraient la journée d’aujourd’hui d’”étape de transition”. Pas de grosses difficultés sur le parcours hormis un petit raidillon à 9 heure du matin sous la forme d’une dernière interview. Un parcours plat qui nous emmène du Texas à l’Arizona en traversant le Nouveau-Mexique d’est en ouest. Un bus qui avance à un train de sénateur.

CHUTE A L’ARRIERE DU PELOTON

Et oui cette étape s’est finalement jouée au sprint du meilleur dénicheur de motel après la chute du favori pourtant booké depuis une semaine.

Emmené par son train très organisé, Romain aborde la dernière ligne droite en tête. Alors que son dernier équipier s’écarte, son dérailleur fait des siennes. Il ne parvient pas à déboîter. Faisant jouer ses monstrueux cuisseaux, Clément en profite et rafle la mise. Contrairement à Peter Sagan, il ne fera pas « pouet-pouet » aux hôtesses qui lui remettent le bouquet. C’est néanmoins lui qui aura trouvé le motel du soir, non sans fierté.

Le récit
C’est avec un peu de déception que nous avons pris la route en car, et non en voiture, pour la première fois. On ne pourra donc pas dire que nous avons traversé les Etats-Unis d’est en ouest de nos propres moyens, puisque l’on en s’est remis à la maîtrise d’un chauffeur professionnel (au look fantastique : costume, cravate, gilet jaune).
Et de la maîtrise, aujourd’hui, il en a fallu. La pluie s’étant invitée sur le trajet et le revêtement des routes du Nouveau-Mexique n’étant pas toujours parfaite, il ne fallait pas trop appuyer sur le champignon. Pendant environ quinze minutes notre chauffeur a aussi dû faire face à un mini-tempête. “On n’y voyait goutte”, comme on dit chez nous. Mais nous sommes arrivés à Tucson, à l’heure, sans autres dommage que des nerfs un peu tendus.

En effet, deux heures trente avant l’arrivée, les voisins de gauche de Romain ont décidé, pour l’un : de brailler et de sauter dans tous les sens. On lui pardonne, c’est un enfant. Pour l’autre : de zapper de (mauvaise) musique en vidéos (pas drôles), à fond, pour que tout le car puisse en profiter. Ne s’occupant pas de son enfant, par la même occasion. On lui pardonne moins, c’est une maman.

Alors forcément, quelques “CHUTS” exaspérés ont fini par jaillir de la bouche de certains voyageurs. Mais quand ceux-là-même qui appelaient au silence ont fini par décrocher leur téléphone à leur tour pour brailler autant, on a cru que l’on allait distribuer des “patates de forain” … Heureusement, on a tenu bon. On s’est réfugié dans le relatif isolement de nos écouteurs. Orelsan pour Romain (La pluie, de circonstance, dans ma ville on traîne, pour la nostalgie) , Pink Floyd, Stephan Bodzin, Nicolas Jaar, Kanye West, Jorja Smith, Chet Faker, pour moi.

Heureusement, bis, le ciel a décidé de nous apaiser en se parant de ses plus belles couleurs orange, cuivre, rouille, rouge, parfois presque violet. On se serait cru dans la colorimétrie de Blade Runner 2049 (j’y reviens toujours), lorsque, sur les coups de 17h30, il a décidé d’aller faire dodo. Se détachant derrière une épaisse mer de nuages, il a calmé nos nerfs à vif. Devant une telle beauté, à laquelle nos photos ne sauraient rendre justice, on ne pouvait que se taire et regarder. Ce que l’on a fait. Au son de mythique “Echoes” des Floyds (je recommande le “live à Gdansk”) et de This is the End des Doors. pour Romain.

Nos photos ne rendront pas non plus justice à un détail que j’avais rarement pu contempler : les nuages de l’Arizona étaient plus bas que les montagnes. Il est assez fascinant de voir que la pluie tombe sur nos têtes alors que le sommet du pic en face de soi doit être sec.

On en viendrait presque à espérer que la pluie tombe sur les voyageurs bruyants et nous laisse au sec.

Les photos
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Journée de bus aujourd’hui ! Les fameux Greyhound américains.

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Un poquito de frances

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Les paysages étaient magnifiques. on est désolé que notre smartphone depuis le bus ne leur rendent pas justice. C’est un truc très américain d’écrire sur les rochers, apparemment.

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Clément a quand même réussi ce joli shot.

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Romain ouvert à toute propositions

L’anecdote

ON A ENCORE CHANGÉ D’HEURE. Aux alentours de 17h30, nous avons de nouveau reculé d’une heure. Ce qui nous fait une différence avec la France de … Euh. Y’a eu le changement d’heure, chez vous, non ? Je ne sais plus. 9h ? 8h ? 7h ?

J’suis perdu. Tant pis. On a changé d’heure, quoi. On recule encore de soixante minutes par rapport à vous. Démerdez-vous avec cette info.

Le son
Un petit Eddy pour fêter notre arrivée en Arizona ? Oui Monsieur !

Arizona
C’est ma dernière chance
L’Arizona
Je n’y suis pas encore interdit
Arizona
C’est ma dernière chance
L’Arizona
De recommencer ma vie  

Le programme de demain
Demain, on va commencer par reprendre en main notre vie. On va commencer par se trouver une voiture qui puisse nous traîner sur les deux prochaines semaines. Clément se réjouit à l’idée de prendre en main un quasi 4×4 pour rouler dans le désert. On va trouver un motel qui soit davantage dans nos moyens que la solution de rechange où l’on écrit ses lignes. Et, en fin de journée, on va interviewer des gens de l’ONG Humane borders qui régulièrement patrouille dans le désert pour venir en aide à des migrants
Eddie Brault & Mitchell Houeix

Retour en Amexique #36 : see you, Texas !

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

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Hi y’all !

C’est la dernière séquence, c’est la dernière séance et le rideau sur le Texas est tombé. Vous avez devant vos yeux la dernière newsletter made in Lone Star State. Ici, on en aura pris plein les yeux, plein la tête. On a aussi pris notre temps. L’occasion d’un petit bilan, calmement, en se remémorant chaque instant mais aussi d’un dernier aperçu de reportage.

Le récit

Une semaine jour pour jour et heure pour heure après notre dernier passage, nous étions de retour ce lundi matin dans la Casa del migrante de Juarez (mais si, rappelez-vous, c’était l’épisode #29 Juliens de sang). Pour ce deuxième passage, nous devions rencontrer Ivonne Lopez, une des gérantes de ces instituts qui accueillent les migrants qui arrivent à Ciudad Juarez.

Ivonne est assistante sociale. C’est elle qui reçoit personnellement chacun des groupes de migrants qui arrive à cette auberge. Au travers d’un rapide questionnaire, elle s’efforce de comprendre de quoi chacun a besoin même s’ils n’osent pas le  formuler : assistance médicale, psychologique ou simplement quelques vêtements ou un repas chaud.

Ce deuxième passage nous a donné à voir une tout autre vision de la Casa. En effet, en fin de matinée, celle-ci se vide quasi-complètement de ses occupants. Après le déjeuner, les migrants s’en vont pour retenter leur chance aux ponts ou simplement errer à la recherche d’un “coyote”, un passeur, même si le règlement de la maison l’interdit. “Trump peut faire tout ce qu’il veut, ils arriveront toujours à passer. La situation est intenable dans leurs pays, ils doivent fuir “, soupire Ivonne.

On a pu voir le reste des installations : les chambres (ou plutôt les dortoirs puisqu’il y a huit lits par pièce). Le réfectoire où les repas sont servis mais aussi l’aile où la Casa peut accueillir des familles entières. Les enfants ont même un terrain de jeu où ils peuvent simplement oublier l’errance et retrouver leur vie d’enfant.

Si elle travaille à plein-temps avec les migrants, Ivonne Lopez n’est pas pour autant salariée : “Il y a une part de volontariat là-dedans. On est 16 à travailler ici mais nous ne recevons pas de salaires, nous sommes gratifiés”, souffle-t-elle. Et la Casa ne peut compter sur l’Etat pour fonctionner : nous sommes quasi en novembre et leur subvention annuelle n’est toujours pas arrivée…

Au cours de notre entrevue, Ivonne lopez a continué à gérer les affaires courantes : un rendez-vous avec un avocat pour un migrant, la préparation de l’interview d’une arrivante… Malgré sa petite taille, elle dégage un dynamisme. On sent la passion qui l’anime : “Parfois, il m’arrive de recevoir des nouvelles de ceux qui sont parvenus aux Etats-Unis,” explique-t-elle en nous lâchant son premier et seul sourire de l’interview.

R.

Les photos

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Ce père est parti avec sa famille il y a deux semaines du Guatemala. Il s’est présenté plusieurs fois aux ponts pour demander l’asile. On lui a dit qu’il y avait trop de gens et qu’il faudrait revenir. Il espère qu’un avocat fourni par la Casa de migrante l’aidera à passer.

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Ce petit bonhomme, on sait pas comment il s’appelle mais il avait très envie d’être pris en photo. Clément s’est donc exécuté.

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La casa del migrante fournit un repas chaud aux migrants.

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Une aile de l’auberge est dédiée aux familles et aux enfants

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Pour notre dernière journée dans Juarez, ils ont enfin hissé le drapeau monumental, censé être le plus grand du pays (censé hein ! Chaque ville mexicaine joue à qui a le plus gros drapeau)

Le son

Mexican Institute of Sound – Mexico

Cuanto tiempo va pasar?
Para que pueda mejorar
Todos somos victimas
De un estado confiscado
Con un gobierno involucrado
En las ganancias de el narco
Es una nación podrida
Con la población herida
México, México
México, México, México
Es México, México ra ra ra

https://www.youtube.com/watch?v=5fIkNzorfOs

Le programme de demain

Demain, on quitte le Texas. Un mois que nous y sommes, mais il est temps pour nous de dire “See you soon, Lone Star State”. Car, pas de doutes : on va se revoir. C’est n’est assurément qu’un au-revoir !
Adieu, à bientôt les Whataburger, Lonies (bières de qualité), Big Bend, Houston, South Padre Island, Brownsville, McAllen, Laredo, El Paso … On en aura vu, des choses, chez toi, Ô Immense Texas : un meeting politique, un maire, un parc naturel, x militants associatifs, x burgers, x couchers de soleil, x levers de soleil, des centaines de kilomètres de ligne droite (petite pensée pour Serge Girard, s’il lit cette news : je comprends mieux sa fascination des lignes droites, de l’avancée vers l’horizon permanente. L’horizon qui se dévoile devant nous pour mieux se renouveler au moment où l’on pense l’avoir atteint).
On aura vu (seulement) deux serpents, aussi. Une énorme araignée. Deux ou trois faons. Des cactus aussi nombreux que les étoiles. Étoiles qui, au Texas, sont les plus claires, les plus distinctes que l’on a vu de notre vie. Des étoiles filantes, aussi. Des chiens errants. Des pick-ups tous plus monstrueux les uns que les autres.
Je pourrais continuer cette énumération longtemps mais je n’ai ni la patience ni le talent de Georges Perec.

Voici une petite carte, pour vous donner une idée de notre trajet déjà effectué, pendant le mois qui vient de s’écouler :

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Si l’on quitte le Texas, non pas de gaîté de cœur, c’est parce qu’il faut toujours continuer à avancer. Au moment d’écrire cette news, le doute nous étreint un peu.

Et si l’on avait vu trop grand ?
Et si l’on n’avait pas le temps de faire tout ce que nous avions imaginé ?
Pourrons-nous pousser jusqu’à San Francisco, comme c’était initialement prévu ?
Est-ce qu’on a perdu du temps en route ?

C’est le jeu, évidemment, mais l’on se pose toutes ces questions. Elles sont certainement naturelles, lorsque l’on se lance dans un projet dans une zone aussi large, grande et riche. Et puis, forcément, l’idée d’entamer la seconde (et dernière) moitié du verre n’est jamais la partie la plus réjouissante de la beuverie. Peu importe le flacon, tant qu’il est encore à moitié plein.

Passer deux semaines dans les sœurs jumelles Ciudad Juarez-El Paso, c’est prendre la mesure de toutes les problématiques de la frontière. C’est en mesurer la profondeur. En brasser les principaux enjeux. Mais c’est aussi gratter une toute petite couche de la croûte de l’iceberg, seulement. On pourrait rester ici toute l’année et avoir des histoires à raconter, des gens à rencontrer, des lieux à visiter.

Mais c’est comme ça. Direction l’Arizona, maintenant, en bus, pour rallier Tucson (prononcer “Toussonne” ou “toux-sonne” ou “tout sonne”). Nous allons, en quelque sorte passer à travers le Nouveau Mexique, patrie de Breaking Bad et lieu de tournage de nombreux westerns, pour filer tout droit et nous enfoncer dans le Désert du Sonora. Nul doute que là, nous allons voir un peu plus de deux serpents.

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Tucson, c’est le point bleu.

C.

Rancher Houeix & Sheriff Brault.

Retour en Amexique #35 : Ille-et-Vilaine mais pas White Sands

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

Vous pouvez acheter notre livre ici : L’Amexique au pied du mur 

Bonjour !

Une fois n’est pas coutume, on vous offre une newsletter un peu spéciale. On s’est dit que vous alliez la lire un lundi, qu’il ferait gris, que vous n’auriez aucune envie de travailler. On vous comprend. Nous n’avons pas travaillé non plus. On a profité du jour du Seigneur pour faire une petite escapade au Nouveau-Mexique, à White Sands très exactement. il s’agit d’un désert de sable blanc (comme son nom l’indique).

L’expérience est magique. On a l’impression de se retrouver au milieu d’immense dunes de neiges. Mais des photos valent mieux qu’un long discours.

Les photos

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L’anecdote

On va faire dans l’anecdote très anecdotique mais c’est à White Sands qu’a été tourné Transformers. Vous êtes ravis de le savoir hein ?

LeS sonS du jour

J’ai décidé, aujourd’hui, de vous faire un petit catalogue de musiques en rapport avec le déroulement de notre journée. J’ai joué le DJ pendant que Romain conduisait. Et j’ai tenté de m’adapter au contexte du jour. Le tout avec, à la clé, quelques uns des meilleurs artistes de “musique électronique” actuels. N’ayez pas peur, cliquez et écoutez. C’est beau, mélodique. Et vous aurez l’impression d’avoir été un peu avec nous.

La journée commence avec la montagne, tout autour de nous.
Mountains- Thylacine
https://www.youtube.com/watch?v=ns0LIuBPX9Q

Elle se poursuit avec l’arrivée dans les dunes. Le sable est partout.
Sand – Thylacine
https://www.youtube.com/watch?v=OytDJR1vUoQ
On s’immerge dans les dunes. Elles nous entourent. Nous surplombent. On s’y perdrait volontiers. On ne voit plus qu’elles, au loin.
Quicksand – Marcel Dettmann
https://www.youtube.com/watch?v=dhNbnPCBGng

Le soleil se couche. Il disparaît, petit à petit. Il n’y a plus que les dunes, le sable et le ciel.
Sky and sand, Paul & Fritz Kalkbrenner
https://www.youtube.com/watch?v=XINlEYXA3k0

Sur le retour, nous sommes absorbés par nos pensées. Comme un peu ensorcelés par ce désert à la palette de couleurs mouvantes. On décolle, dans la nuit.
Rhubarb – Aphex Twin
https://www.youtube.com/watch?v=_AWIqXzvX-U

C.

Demain, on retourne à la Case de Migrante. Nous y avions déjà rencontré des migrants. Cette fois, on y rencontrera les dirigeants. Et puis le soir, on va devoir refaire nos valises. Car mardi, on déménage ! Direction l’Arizona.

Grain de sable 1 & Grain de sable 2.

Retour en Amexique #34 : nada que declarar

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

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Bon dimanche à tous !

On ne va pas vous mentir, nous n’avons pas grand chose à vous raconter aujourd’hui. Nous sommes restés dans l’Air Bnb, beaucoup plus confortable que le précédent, au demeurant, pour retranscrire nos interviews. Tâche ingrate mais nécessaire. Autant dire que nous n’avons pas beaucoup mis le nez dehors ce qui, forcément nous empêche de vous relater les traditionnels “récit” et “rencontre”.

Mais tout va bien pour nous, le beau temps a fait son retour, ce que l’on attendait avec impatience. Nous continuons de bien avancer dans nos reportages (deux sont déjà écrits, le troisième est quasiment bouclé) et dans notre planification de l’étape suivante : l’Arizona.

Tout va bien dans le meilleur des mondes, donc. Mais, comme l’on dit à la douane : nada que declarar. Rien à déclarer.

On vous joint tout de même le son du jour et le programme de demain parce que, bon, faut pas déconner !

Les photos 

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Petit coucher de soleil depuis notre logement

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De mystérieuses lettres dans le flanc de la montagne, côté El Paso

Le son

J’ai eu un petit instant nostalgie vendredi en entendant la balade de Julietta Venegas, Limon y sal, passer à la radio de notre Uber. Une chanson que j’ai maintes fois entendu lors de mon année au Chili. Ca a beau être cul-cul la praline au niveau des paroles, l’air est entêtant et reste dans la tète.

Tengo que confesar que a veces, no me gusta tu forma de ser,
luego te me desapareces y no entioendo muy bien por qué?
No dices nada romántico cuando llega el atardecer, 
te pones de un humor extraño con cada luna llena al mes.

Pero todo lo demás le gana lo bueno que me das,
solo tenerte cerca, siento que vuelvo a empezar.

Yo te quiero con limón y sal, yo te quiero tal
y como estas no hace falta cambiarte nada.
Yo te quiero si vienes o si vas, si subes

y bajas si no estas seguro de lo que sientes  

https://www.youtube.com/watch?v=tIpzfs5tBJU

Le programme de demain

Demain “same shit”. Retranscriptions des entretiens, travail en chambre, bref. Mais on va aussi mettre le nez dehors, cette fois. Nous allons nous rendre à Alamogordo pour y contempler une dune de sable blanc, célèbre dans tout le Texas. Nous allons bientôt quitter le “Lone Star State”, alors on profite encore un peu de ses beautés !

Don Brault y jefe Houeix

Retour en Amexique #33 : l’âge de Jésus Christ, Bruce Lee et Balavoine…

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

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‘dias, amigos ! Como esta ?

Le soleil fait son retour. La chaleur avec. On va enfin pouvoir quitter doudounes et pulls pour retrouver nos T-Shirts et shorts ? Espérons. Sachant qu’on s’apprête à quitter Juarez et El Paso pour rejoindre le désert de l’Arizona, on aimerait bien que le choc thermique ne soit pas trop violent.

Mais, au-delà des observations météo, on a aussi fait pas mal de choses, ce vendredi. Bonne lecture !

Les photos

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« La Bible est la vérité. Lis la »

Marx

El famoso Carlos Marx

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Les croix noires sur fond rose sont le symbole du féminicide

 

Le récit

Outre le titre de “ville la plus violente au monde”, Ciudad Juarez a un autre surnom tout aussi peu glorieux : “la capitale mondiale des féminicides”. Depuis le début des années 90, plus de 2 000 femmes, souvent des jeunes filles âgées entre 15 et 30 ans, ont été tuées ou ont disparues dans la cité. Rien qu’en 2012, au milieu des années noires, les associations locales ont recensé près de 700 disparitions. L’immobilité des pouvoirs publics a conduit la Cour interaméricaine des droits de l’homme à condamner l’État du Mexique en 2009.

Une condamnation qui a obligé les pouvoirs à se saisir du problème. “Cela n’allait pas de soi”, souffle Veronica Corchado. “Pour l’Etat, regarder en face ce problème, c’est admettre qu’il a failli à assurer la sécurité.”

A 44 ans, cette activiste est à la tête de l’Instituto municipal de mujeres. Un service public créé par la ville de Juarez pour lutter contre les violences de genre. C’est l’aboutissement d’une vie de combat pour Veronica, elle qui a passé plus de 25 ans à s’engager dans les luttes féministes.

Au fil de sa carrière de defenseuse des droits de l’homme, les politiques ont tenté à plusieurs reprises de l’attirer dans leur filet. Si cette fois, elle a accepté, c’est qu’elle a obtenu des garanties sur le travail et les moyens dont elle disposerait. Elle sentait que c’était l’occasion de faire bouger les choses à Juarez. “C’est ma manière à moi de laisser ma marque dans ma ville”, explique-t-elle. “Les choses ne peuvent pas changer du jour au lendemain mais je veux croire qu’en apportant ma contribution aujourd’hui, le travail sera plus facile pour les générations qui viendront demain. Pour changer les choses ici, il faut penser à moyen-terme voire long terme.”

Les locaux de l’institut sont flambant neufs. Le service municipal y a pris ses quartiers en avril dernier. il est situé dans le centre-ville que Veronica voit comme un espace à reconquérir. En effet, la majorité des disparitions de femmes ont eu lieu là, en témoignent les nombreuses croix noires sur fond rose dessinés par les mères des disparues. Pour redonner sa place aux femmes dans le Centro, les projets sont multiples : création de boutons d’alertes, d’une application pour appeler au secours, de présences de forces de l’ordre… Rien n’est laissé au hasard.

Veronica refuse de se prononcer sur des premiers résultats, préférant encore une fois parler de premières initiatives qui, elle l’espère, finiront par porter leurs fruit “à long terme”; Tout juste consent-elle à évoquer une victoire qu’elle refuse de nommer ainsi : l’année dernière, le nombre de victimes du féminicides est passé sous la barre des trois chiffres : 98 disparues…

R.

La rencontre

Vous connaissez Carlos Marx ? Et Emilio Zola ? Non ? Eh bien nous, oui. Ce sont les noms hispanisés de Karl Marx et Emile Zola. En cette soirée où le beau temps recommence à faire son apparition, nous avions rendez-vous avec Geronimo Fong, dans un bar un poil gauchisant. À gauche de l’entrée, une bibliothèque très attrayante compile les Carlos Marx, Emilio Zola, Roberto Bolano … Le Tari, qui sert d’ailleurs d’excellents cafés, est le lieu où nous avons interviewé cet activiste marxiste, qui milite pour la fin de la guerre contre la drogue. Cheveux en bataille, barbe hirsute, râblé, “Gero” parle en regardant sa tasse de café. Il ne manque néanmoins pas de charisme et de passion. Pour lui, la guerre contre la drogue lancée par le Président Calderon, à l’initiative des USA, n’a fait qu’accentuer le cercle vicieux de la violence au Mexique.

L’éditorialiste explique que la présence militaire et la notion de crime organisé n’a d’autre conséquence que de généraliser la violence, surtout à Ciudad Juarez et dans toute la zone frontalière. “La définition du crime organisé c’est : trois personnes ou plus, qui menacent la sécurité nationale. Par exemple, est-ce que ça veut dire que photocopier un livre, pour des étudiants pauvres qui n’ont pas les moyens de l’acheter, ce qui est un crime, au Mexique, est-ce menacer la sécurité nationale ? C’est le risque de la militarisation. Tout peut être prétexte à exercer la violence, sans raison valable. Surtout quand les militaires, lorsque la sécurité nationale est en jeu, n’ont pas à passer devant un tribunal”, explique-t-il. À Juarez, les citoyens sont pris entre les cartels, armés jusqu’aux dents, les militaires et la police, souvent corrompus, et la pauvreté endémique.

Il remet en cause les traités de libre échange qui, depuis les années 1990, ont été signés entre les USA, le Mexique et le Canada. “L’économie mondialisée n’a fait que créer une chose : la production que les ouvriers mexicains réalisent à bas coûts, part dans le monde entier. Mais ils ne peuvent même pas s’offrir ce qu’ils produisent. Cette forme de pauvreté est une réelle violence, aussi”. Partant, il devient tentant de se tourner vers le trafic de drogue, la mafia, les cartels … D’où le cercle vicieux que “Gero” dénonce, non sans habileté rhétorique et arguments.

Vous le sentez peut-être, l’auteur de ces lignes était convaincu d’avance. Je me permets une petite saillie personnelle, puisque le sujet s’y prête. Il y a quelque chose de paradoxal dans la politique anti-drogue des Etats-Unis : ils souhaitent à tout prix endiguer le trafic par la militarisation. Dans le même temps, ils signent des accords de libre-échange avec le Mexique et font construire le mur frontalier (sous l’administration démocrate de Bill Clinton). S’ensuit un phénomène simple : les biens et les marchandises circulent plus facilement, mais franchir la frontière pour les hommes est de plus en plus compliqué. Les cartels de la drogue tirent parti de cette situation. Franchir le mur, la frontière étant moins aisé qu’avant, les prix de la cocaïne, de la marijuana ou autre augmentent, les pertes et les saisies étant plus régulières. Les villes frontalières deviennent donc des “hubs”, des plaques tournantes d’autant plus cruciales. Les cartels se les disputent ardemment. La violence est partout. La pauvreté avec elle. Ce qui suscite des vocations chez les travailleurs pauvres : pourquoi ne prendraient-il pas le risque de travailler pour un cartel, si cela leur permet de multiplier par 5, 10, 20, leur salaire ? Face à cette situation, les USA militarisent encore plus la frontière, ce qui accentue la violence. Tandis que les accords commerciaux bilatéraux sont toujours plus à l’avantage des USA. Ce qui augmente le taux de pauvreté ……………. Le serpent qui se mord la queue.

C.

Le son

Gero nous en a parlé, la chanson de Bob Dylan sur Juarez : Just Like Tom Thumb’s Blue

When you’re lost in the rain in Juarez when it’s Easter time, too
And your gravity fails and negativity don’t pull you through
Don’t put on any airs when you’re down on Rue Morgue Avenue
They got some hungry women there and they really make a mess outta you

https://www.youtube.com/watch?v=CcRNSHqiH7A

Le programme de demain

Demain relâche ! Enfin pas vraiment. On a accumulé pas mal de matières au cours des deux dernières semaines donc à défaut d’interviewer de nouvelles personnes (et on pourrait, on pourrait passer plusieurs mois dans ces deux villes sans tourner en rond), on va tenter de retranscrire un maximum des enregistrements de discussions qu’on a eu avec nos intervenants.  Ô joie !
Cléneditpaslavérité et Ropaluche

Retour en Amexique #32 : l’espoir fait vivre

Il y un an, nous arpentions les routes de l’Amexique. Chaque soir, nous attelions à la rédaction d’une newsletter pour nos soutiens, ceux qui ont contribué à financer notre projet. Une année plus tard, nous vous proposons de découvrir nos pensées, nos humeurs de ces instants uniques en différé.

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Hello todos !

Un mois ! Un mois déjà qu’on a pris cet avion un mardi matin pluvieux. Un mois qu’on a traversé l’Atlantique pour commencer ce road-trip journalistique sur la frontière américano-mexicaine. On a parcouru le chemin (et souffert en silence) : Brownsville/Matamoros, McAllen, Laredo/ Nuevo Laredo, Eagle Pass, Big Bend et aujourd’hui El Paso / Juarez…

Le pessimiste verra le chemin parcouru, nous voyons le chemin qui nous reste à parcourir : Tucson, los Nogales, los Tecate, Mexicali / Calexico et enfin Tijuana et San Diego, apogée de notre voyage. Bref, on est à la moitié et on se tourne plein d’espoir (transition en douceur vers le récit) vers la suite.

Les photos

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Hier, on a fait une petite escapade chez Rudy’s, un indispensable du Texas. Ambiance routier, grosse barbaque et patates bien huilées. On était comme à la maison ! Le petit plus : la station-service inclue au restaurant.

Migrant

Le comic édité par le Border Hope institute (voir plus bas)

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Cristina Garcia, juriste qui aide pro bono les demandeurs d’asile avec la fondation Las Americas.

Le récit

J’avais repéré le Hope Border Institute depuis pas loin de six mois déjà. Dans des articles et sur les réseaux sociaux. Ils semblaient incarner la résistance à Donald Trump sur tous les supports et s’être fait une certaine réputation, dans tout le pays. En arrivant à El Paso, ils ont donc fait partie de ceux que l’on a contacté en premier lieu. Mais j’avais beau avoir entendu parler d’eux depuis un bon moment, ils n’ont pas daigné répondre tout de suite. À tel point que l’on pensait se pointer dans leur local, les mains dans les poches, sans rendez-vous préalable et sans savoir ce que l’on allait y trouver. Mais finalement, ils ont fini par nous répondre au dernier moment, et c’était très bien ainsi car nous avions une bonne partie de la bande en face de nous.

Indépendant mais proche de l’Église Catholique, le Hope Border, présidé par Dylan Corbett fait de la recherche très sérieuse sur la criminalisation des migrants à la frontière. Ils collectent des données sur les demandeurs d’asile, les séparations d’enfants de leurs parents, les détentions arbitraires … L’ensemble de ce travail est compilé dans des graphiques et des brochures qui aident les avocats des migrants, les associations et permet aussi d’attirer l’attention des représentants politiques qui ne sont, bien souvent, pas plus informés que le Border Hope.

Relativement récent, le Hope Border a néanmoins un regard historique sur la situation à la frontière et n’hésite pas – lui aussi – à dénoncer une politique migratoire qui n’a fait qu’empirer depuis la fin des années 1990, surtout après le 11 septembre 2001. “Nous sommes une seule communauté, divisée en deux par le mur”, explique Dylan Corbett. Une seule communauté qui, selon lui, devrait plutôt vivre en accord avec les valeurs de la religion plutôt qu’en fonction des politiques migratoires venues de Washington.

Pour tenter d’attirer l’attention de tous les publics sur la “déshumanisation” subie par les migrants, le Hope Border Institute a aussi publié un comic-book bilingue, distribué en grand nombre auprès de la jeunesse (dans les écoles, notamment). Ceci afin d’alerter sur les dangers de tenter la traversée illégale, mais aussi sur les recours et les possibilités légales pour les demandeurs d’asile. Le tout saupoudré d’espoir car, comme le nom de l’institut l’indique, en religion comme en matière de migrations, il y a encore de l’espoir, dans la zone frontalière.

C.

L’anecdote

Le saviez-vous ? Dans le comté d’El Paso, moins d’un cas sur dix de demande d’asile examiné par la cour d’immigration est acceptée. C’est Cristina Garcia, juriste pour la fondation Las Americas qui offre gratuitement des conseils légaux aux migrants qui nous l’a appris. Autant dire que “la capitale de la frontière” est loin d’être l’eldorado pour ceux qui cherchent à fuir leur pays.

Le son

Un son entêtant, avec quelque chose de typiquement américain dans ses sonorités et ses paroles – découvert dans notre nouvelle voiture que Romain n’arrive absolument pas à maîtriser (YOU ARE FAKE NEWS). Ce qui m’inquiète au moment de faire le DJ et de quitter la route des yeux.

Jacob’s Ladder – Huey Lewis

Just another fallen angel
Trying to get through the night

Step by step, one by one, higher and higher
Step by step, rung by rung
Climbing Jacob’s ladder

https://www.youtube.com/watch?v=bYQ9a0crgAI

Le programme de demain

Back to Juarez ! On a rendez-vous à 9h (c’est affreusement tôt) dans le centre-ville de Juarez. On y rencontrera Sandra Ramirez qui est chargée par la municipalité de lutter contre les féminicides. C’est le seul truc de calé pour le moment mais on ne désespère pas de rencontrer Geronimo Fong, un activiste très engagé contre la militarisation du conflit contre les cartels, ou de retourner à la Casa de migrante pour rencontrer la direction.

Que les vaya bien todos !

Romano y Clemente